Tomber dans les arbres
Une jeune femme prend la parole à l’enterrement de son grand-père
Tomber dans les arbres est un spectacle alliant théâtre et musique. C’est une réflexion sur la place qu’occupe la musique dans la généalogie d’une famille. J’y parle du trouble que soulèvent les questions de mémoire familiale dans la poursuite de son identité, entre déterminisme et liberté. En tirant les fils de ma propre vie, j’enquête sur ce qui, dans nos histoires personnelles et familiales, concorde à nous mener là où nous sommes.
Mon grand père paternel était une bibliothèque vivante. Rescapé de la Shoah, passionné d’histoire et militant jusqu’à sa dernière heure, il se définissait comme historien de la répression. Il a écrit une cinquantaine de livres, essais et enquêtes traitant du génocide des juifs et des atteintes aux libertés, publiés sous le nom de sa mère disparue à Auschwitz. A ses quatre petites filles il a raconté beaucoup d’anecdotes historiques, des souvenirs de manif, de grèves et de rassemblements, mais jamais rien qui touchât à son enfance ou à ses parents. De temps en temps une réminiscence lui échappait et il évoquait tout à coup des odeurs de cuisine ou les paroles d’une chanson yiddish. Suivait un silence pudique que quelqu’un brisait en parlant d’autre chose. J’ai toujours été troublée par le manque de transmission de ce point de vue. J’étais à la fois curieuse et bouleversée par l’absence de mots, je sentais une douleur sourde irradier dans tous ses combats et ses discours dont il me semblait qu’ils n’existaient que pour enfouir l’inexprimable. Petite, les quelques informations qu’il semait et les photos de famille qu’il possédait m’ouvraient un passé fantasmé dans lequel je fabriquais des aïeux magnifiques en noir et blanc. De ces individus fabulés, je me racontais qu’une énergie ancestrale courait jusqu’à moi et m’imposait une rigueur dans le souvenir. Je me sentais très liée à des gens que je n’avais jamais connus.
Ce que la musique fait à la mémoire
J’ai une mémoire extrêmement faillible. Lorsqu’il s’agit de me remémorer des dates ou des évènements, j’oublie tout. En revanche je me souviens de toutes les paroles, de tous les airs des chansons que j’ai apprises depuis l’enfance. Ce sont des choses qui me restent avec force. La musique est ce qui me revient, ce que je ne perds pas.
6 7 8 Déc
Texte, jeu, mise en scène Camille Plocki
Collaboration artistique Mohamed Bouadla
Régie son, guitare Léo Bahon
Scénographie Alice Girardet
Création lumière Lola Delelo
Assistanat scénographie Marie Cabrol et Eliott Lust
Administratrice de production Amandine Scotto