Attention, samedi 8... Écriture Fraîche!
Mises en lecture par l'ESCA à 16h et 19h
Mises en lecture par les élèves du STUDIO ESCA (Ecole supérieure de Comédien.nes par l’Alternance)
16H
SANS MODÉRATION(S)
d’Azilys Tanneau
Mise en lecture Rose Noël (apprentie de 3è année)
Avec
Louis Chemin, Julien Gallix, Balthazar Gouzou, Lilea Le Borgne, Simon Rodrigues Pereira, Léa Constance Piette, Alexis Ruotolo, Louise Saillard Rezaire
Le texte
Quelque chose s’est brisé dans la mécanique bien huilée de la vie d’Alexa, modératrice de contenus pour un grand réseau social dont le fondateur est visiblement dépassé par son succès. Comment tenter d’expliquer qu’elle en arrive à cacher la nature de son travail à son nouveau compagnon et à virer elle-même dans une violence irrépressible ?
Dans le huis clos du bureau sous tension où elle travaille, elle n’est certainement pas la seule à subir moralement les conséquences de cette prise directe avec l’innommable sous toutes ses formes.
Une journaliste investigue sur l’incident ayant provoqué le départ brutal d’Alexa. À travers des témoignages recueillis discrètement auprès de ses collègues, elle accède à un univers confidentiel où l’exposition aux pires images de notre monde déforme les contours de l’acceptable, sur les écrans comme dans les pratiques de travail.
L’autrice – Azilys Tanneau
Azilys Tanneau est née à Châteauroux en 1996. Autrice de plusieurs textes dramatiques, elle est également scénariste.
Elle écrit son premier texte, Te reposer, à 18 ans. Sa rencontre avec Rémy Barché débouche sur sa mise en espace à Théâtre Ouvert en 2018 dans le cadre du Festival Zoom. Elle écrit ensuite pour lui le texte jeune public T’imagines ?. En 2020, elle conçoit un Petit éloge du puzzle pour le festival en ligne « Le Privilège de t’embrasser », créé par Rébecca Déraspe et Rémy Barché, et le lit à la Comédie de Reims.
Elle commence l’écriture de son texte suivant, Sans modération(s), lors du Studio Européen des Écritures Théâtrales à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. La pièce reçoit l’Aide à la Création d’Artcena, est lauréate des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre et est sélectionnée par différents comités : Eurodram, la Comédie de Caen, le Théâtre de la Tête Noire. Elle est finaliste des Grands Prix d’Art Dramatique en 2023.
Des extraits de sa dernière pièce, Rest/e, commande du festival Les Contemporaines de Lyon en mai 2022, mise en espace par Sébastien Valignat au TNP de Villeurbanne, ont été publiés en 2023 dans la revue La Récolte avant l’édition prochaine chez Lansman.
Note de mise en lecture
Vous avez déjà vu s’afficher sur votre smartphone l’image « contenu sensible » ? Vous avez déjà hésité à cliquer sur « Voir quand même » ? Vous l’avez peut-être déjà fait ; vous avez hésité avant ? Vous aviez peur de savoir ce que cette vidéo contenait de sensible ? Peur d’en faire un cauchemar la nuit ?
Derrière ces avertissements, il y a des modérateur.ice.s qui décident ce que le monde aurait le droit de voir ou non. Il y a des yeux qui eux, n’ont pas le choix et regardent ces vidéos de décapitations, ces suicides en direct, ces enfants, ces femmes, ces hommes tabassé.e.s…
La question a tout de suite été : comment faire entendre ce texte dans toute sa puissance, sa cruauté, sa réalité et surtout son humanité ? Comment se retrouver dans ces personnages qui modèrent toute la journée, qui rentrent chez eux le soir hantés par les vidéos ? À travers un texte qui parle de bien plus de choses que le simple fait de modérer, qui parle d’amour, de maternité, d’amitié, de relations de travail, de peur du monde, de « micromanagement » peut-être un peu trop déraisonné, de comment trouver sa place, je me suis tout de suite dit qu’il fallait se concentrer sur l’enquête de la journaliste : de quoi a-t-elle besoin pour comprendre Alexa ? Nous sommes toutes et tous les enquêteur.ice.s de cette histoire pendant un peu plus d’une heure.
La vraie question qui en ressort c’est : à la place d’Alexa, vous n’auriez pas fait pareil ?
19H
SIT JIKAER ou la peine perdue
de Grégoire Vauquois
Mise en lecture Côme Paillard et Pierre Pauc
Avec Noémie Moncel, Omar Mounir Alaoui, Rosa Pradinas, Mathis Roche, Fiona Stellino et Baptiste Znamenak
Le texte
Bajgar, musicien raté et fauché, fantasme la culture punk. Il passe ses journées dans un magasin de musique et ses soirées à regarder en boucle le dernier concert des Sex Pistols. L’état d’esprit contestataire du mouvement punk lui apparaît comme l’un des derniers remparts pour faire face à un monde sur le déclin. Quand il n’est pas inquiété par son banquier ou par son proprio, Bajgar se lance dans l’écriture d’un album-concept autour d’une super-héroïne punk : Sit Jikaer. À travers elle, souffle un vent de révolte punk mais la révolte ça fait peur.
Bajgar sera-t-il à la hauteur ?
L’auteur – Grégoire Vauquois
Grégoire Vauquois est né à Grenoble en 1994. Il entame des études de lettres et d’arts plastiques avant de découvrir le théâtre et de s’y consacrer pleinement. Il intègre en 2014 le Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier, ainsi que l’Université Paul Valéry – Montpellier 3, pour une licence d’arts du spectacle. En 2016, il poursuit sa formation au Conservatoire de Rennes et en master 1 d’études théâtrales à l’université Rennes 2. En septembre 2018 il intègre le département « écrivain dramaturge » de l’ENSATT.
En 2022 il met en scène sa pièce PAT CAT CHUT (carnaval révolutionnaire) avec le collectif montpelliérain « Deux Dents Dehors ». La pièce est lauréate du prix du festival Jamais Lu Paris et est mise en lecture par Marcelle Dubois à Théâtre Ouvert.
En janvier 2022, il fonde la compagnie Candolle à Lyon pour mettre en scène ses propres textes, dont Timlideur (une histoire de militantisme), sa première pièce publiée aux éditions Tapuscrit, qui sera créée à Théâtre Ouvert en mai 2024 et à la maison Maria Casarès en septembre 2024. Comme comédien, il a entre autres travaillé avec Pierre-François Garel, Marie Payen, Raphaël Guetta et Jonathan Moussalli. Sa dernière pièce, SIT JIKAER ou la peine perdue, reçoit en novembre 2021 le prix de l’aide à la création d’Artcena, est mise en lecture par Fabrice Murgia au festival de la Mousson d’été 2022 et par Sébastien Bournac au Théâtre de la Cité à Toulouse, et reçoit le prix 2024 des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre. Elle sera publiée aux Éditions Théâtrales en avril 2024.
Également musicien, Grégoire Vauquois officie comme bassiste dans le groupe de poppsychédélique « Veilleuses ».
Notes de mise en lecture
Sit Jikaer ou la peine perdue est un récit initiatique, (faussement ?) punk sur la fin des illusions. À travers le désenchantement de son personnage principal, Grégoire Vauquois interroge notre capacité à nous montrer à la hauteur de nos valeurs ou de nos engagements. Punk de pacotille, Bajgar nous renvoie à notre propre décalage, entre ce qu’on aurait aimé être ou incarner, et ce que nous arrivons à être vraiment. Mais dans le fond est-ce vraiment si grave ? Faire le deuil de certains de ses rêves, n’est-ce pas aussi une façon de commencer à vivre plus authentiquement ?
En opposant l’apathie mélancolique de Bajgar, à la radicalité et à la violence de Sit Jikaer, la pièce interroge le bien-fondé de la violence artistique ou politique. Quel changement politique ou artistique peut-on espérer sans une certaine forme de violence ?
Avant toute forme d’engagement, les incertitudes de Bajgar font écho aux difficultés que chacun.e peut connaître dans une affirmation de soi politique ou artistique. Dans un monde qu’on dit de plus en plus complexe mais vidé, pour certain.e.s, d’une partie de ses idéologies, comment faire pour se positionner ? Faut-il chercher la flamme chez des idoles engagé.e.s ou renoncer à toute forme de romantisme dans notre engagement politique et artistique ?
Le rapport trouble entre réalité et fiction, et l’évolution de Bajgar face à la radicalité « cartoonesque » de Sit Jikaer, orientent notre lecture de la pièce. Le choix d’une esthétique volontairement pauvre nous paraissait une bonne façon d’y faire écho. Exit donc, les sons de guitare saturés qui cassent les oreilles, les crètes bien « vener », ou les voitures brûlées : pour du punk « en carton », place au carton.